Jacques DECOBECQ I Gravure

Jacques DECOBECQ, Artiste Belge

Diplômé de l’enseignement artistique supérieur 1973 ( Master ) 

Professeur de communication visuelle à l’ ESA SAINT LUC TOURNAI de 1990 à 2015


Jacques DECOBECQ : Pérégrination entre l’inerte et le vivant

 

Lorsqu’on pénètre dans un grenier familial, lieu désuet en ces temps de logements rétrécis et rarement mis à la disposition de générations successives vu le nomadisme imposé par notre société de mobilité, on a l’impression de se trouver face à un bric-à-brac hétéroclite. Qui a accès à la mémoire d’un être humain a forcément une impression similaire, d’autant que là il est quasi impossible d’avoir une vision globale tant les couches consécutives empêchent de voir au-delà d’une certaine surface. 

Ainsi des œuvres de Jacques Decobecq. De prime abord, elles sembleront proches des rébus qui réclament un décodage avant de livrer leur signification. Elles avouent aussi des références à un certain street art sur des murs où des tags s’avoisinent les uns auprès des autres. Elles empruntent à l’histoire de l’art que l’on devine çà et là : abstraction géométrique ou lyrique, nouveau réalisme, pop, graphisme publicitaire, image de bande dessinée... Les techniques utilisées déclinent une même diversité : collage, grattage, bombage, acrylique, pastels… L’artiste aime à l’évidence se situer au confluent de multiples influences qu’il intègre à sa démarche, s’appropriant de la sorte une pratique synthétique qui lui permet néanmoins de rester lui-même. 

Bien que la plupart des scènes qu’il construit semblent se dérouler à l’extérieur, il y a présence récurrente de mobilier d’intérieur concrétisé par une chaise et/ou une table. Il y ajoute fréquemment l’évocation d’une fenêtre comme si le monde du dedans avait besoin d’un passage permanent de l’un vers l’autre pour échapper à l’enfermement, pour passer plus ou moins facilement du restreint à la libération. En fait les peintures de Decobecq rassemblent l’en-dedans et l’en-dehors, font même allusion à l’au-dessus à travers des réminiscences d’échelle (de Jacob ? d’un plombier zingueur ? d’un évadé de pénitencier ?).

Cette espèce de mixage de lieux rassemblés en un seul est d’autant plus flagrante que les règles de la perspective sont ici quasi abolies. Ces endroits sont hantés d’une présence humaine sous forme d’une silhouette, laquelle est souvent esseulée mais quelquefois en couple. Cette réminiscence de l’homme dans un univers d’objets et parfois de plantes semble un questionnement par rapport à la solitude, à la difficulté de se situer par rapport à la durée de l’existence, à la diversité des endroits où s’installer. 

Il ne craint pas le noir et blanc mais il affiche avant tout son amour de la couleur. Elle apporte une dimension ludique à ses mises en espace qui flirtent de temps à autre avec l’art brut. Jaune et rouge sont des dominantes. Il en est qui déclinent des nuances plus subtiles et réjouissent l’œil. Car il ne faut pas s’y tromper : Decobecq s’amuse à agencer l’espace, à confronter des formes et des techniques, à nous laisser curieux de décoder les énigmes qu’il nous pose.

Michel Voiturier

Critique d’art (AICA)

Artistes

Disciplines